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Sommes-nous tous des névrosés ? La normalité existe-t-elle réellement ?

Le 09 février 2022
Sommes-nous tous des névrosés ? La normalité existe-t-elle réellement ?
Dans un sens, on peut dire que nous sommes tous névrosés car nous désirons et nos désirs ne sont pas tous réalisables. La normalité peut se définir soit à partir de la souffrance psychique, soit en référence à la norme sociale.

Sommes-nous tous des névrosés ? La normalité existe-t-elle réellement ?

On a longtemps vu les tourments personnels, voire la folie comme des manifestations démoniaques. Au mieux, il s'agissait de faiblesses dans nos âmes, incapables de résister à nos passions.

Puis au XVIIIe siècle apparait le terme de névrose qui devient un concept central en psychologie, psychanalyse et psychiatrie

Dans le vocabulaire de la psychanalyse, Jean Laplanche et Jean-Bernard Portalis définissent ainsi la névrose :

- Affection psychogène où les symptômes sont l'expression symbolique d'un conflit psychique trouvant ses racines dans l'histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre un désir et la répression de ce désir.

Autrement dit, la névrose provient d'une lutte constante entre nos envies, nos aspirations (conscientes et inconscientes) que notre Surmoi (notre conscience morale intériorisée) s'efforce de refouler. Dans un sens, on peut dire que nous sommes tous névrosés car nous désirons et nos désirs ne sont pas tous réalisables. Il n'existe pas de séparation nette entre la santé mentale et la névrose. Freud considérait lui-même qu'une bonne santé psychique ne signifie pas une absence totale de symptômes.

A certains moments de notre vie, en fonction de ce qui nous arrive, nous sommes tous amenés à souffrir mentalement. Nous pouvons alors développer des symptômes. Ceux-ci ont une fonction : ils sont porteurs d'une vérité. Ils viennent à la place des mots que nous ne parvenons pas à dire. Il faut donc déchiffrer les symptômes, car ils ne disparaîtront que lorsque nous en aurons saisi le sens dans notre histoire personnelle, dans nos désirs empêchés. Mais ils ne signifient pas pour autant que nous soyons anormaux.

La normalité peut se définir à partir de deux approches.

D'une part, à partir de la souffrance psychique : nous la connaissons tous mais certains sont amenés à trop souffrir, à souffrir de façon anormale.

D'autre part, à partir de la norme sociale : la société nous dicte nos comportements. Parfois nous exagérons un peu et certaines personnes sont amenées à transgresser gravement les règles, ce n'est pas normal. La normalité dictée par la société évolue avec le temps, avec celle-ci. Par exemple, dans l'Antiquité il était normal que des hommes mûrs initient sexuellement des jeunes hommes. De nos jours, on les qualifierait de pédophiles ou encore dans l'ex-URSS, des opposants au régime étaient diagnostiqués malades mentaux, car l’on estimait qu'une personne saine d'esprit ne pouvait pas critiquer le régime.

Dans tous les cas, nos symptôme sont le signe de notre singularité parce que nous sommes tous uniques, nous ne pouvons pas totalement nous conformer aux normes prescrites. Ceci nous amène forcément à vivre des conflits psychiques. Finalement, nos sociétés font un peu de nous tous des névrosés. Or nous sommes voués à cohabiter, à accepter que la liberté d'autrui empiète sur la nôtre, à renoncer à une satisfaction qui nuirait à autrui, sauf à nous comporter en psychopathes ou en salauds. Car sans les autres, sans leur soutien, comment pourrions-nous vivre ?

 

Laurence ANNO -Psychologue-clinicienne situé à Brunoy, Yerres, Crosnes est disponible au 01 88 24 83 23, directement en prise de rendez-vous ou par mail.